BUGADE de Mars - Avril 2007 : Stress en entreprise, Renault brise l'omerta

Article paru dans la BUGADE de Mars – Avril 2007

Stress en entreprise : Renault brise l’omerta

Après la série de suicides ces derniers mois au Technocentre Renault de Guyancourt (Yvelines), Carlos Ghosn, le PDG, a demandé un « plan d’actions concret » pour faire le point sur la situation et les mesures qui pourraient être envisagées. Une prise de conscience de l’un des risques majeurs auquel les entreprises doivent faire face : le stress professionnel.

A la question « vous sentez-vous stressés lorsque vous travaillez ? », 97% des gens répondent « oui », soulignent les études menées par les différents observatoires de l’Institut français d’action sur le stress (IFAS). « La belle nouvelle ! » ironise le psychiatre Jean-Luc Emery, spécialiste du comportement en entreprise, consultant à l’IFAS et auteur de plusieurs livres sur les troubles anxieux. « Le stress professionnel est un phénomène identifié depuis les années 70. C’est un sujet de plus en plus préoccupant dans la mesure où il n’est pas assez pris en compte par les chefs d’entreprises et peut représenter un facteur de risque réel pour la santé des salariés », précise-t-il.   

Carlos Ghosn, a pourtant décidé de prendre le problème à bras-le-corps tout en insistant sur l’importance des relations humaines dans un groupe comme Renault, et en rappelant que« le management est une notion fondamentale, parce qu'elle touche à la première ressource d'une entreprise : les femmes et les hommes. Sans eux, l'entreprise n'a ni avenir, ni succès possible. Un bon management reste un « anti-stress » décisif. »

Ce phénomène fait généralement l’objet d’une omerta de la part des chefs d’entreprises. Or pour Jean-Luc Emery, le stress des salariés d’une entreprise dépend en grande partie de la manière dont un manager se comporte. Face au sentiment de précarité ressenti par la plupart des salariés et à la perte progressive de la cohésion sociale au sein des grandes entreprises, les dirigeants, doivent répondre par une prise en charge des facteurs de risques engendrés par le stress. « La priorité reste de sensibiliser les salariés à ce problème à travers des programmes de prévention ou des stages dans les sociétés ».

L’effort ne doit pas porter uniquement sur les ressources individuelles que peut mettre en œuvre une personne pour gérer son stress, mais aussi sur la perception de son environnement. « Certains facteurs de stress comme la confrontation au client ne peuvent pas être éliminés », souligne par exemple le psychiatre. « Dans ces cas-là un salarié doit pouvoir trouver des ressources dans son entourage professionnel ». D’après les études de l’INSA, le « sur stress », c’est à dire le stress susceptible de représenter une menace pour la santé d’une personne, touche 32% des femmes et 28% des hommes. Les comportements à risque varient également selon la place du salarié dans l’entreprise : 28% des non-cadres, 19% des cadres et 12% des cadres supérieurs sont concernés.

A méditer, tout en rappelant qu’à Eurocopter, que ce point est désormais pris en compte au niveau de la médecine du travail.

Pour poursuivre le débat : Didier HACQUART responsable des cadres CFDT, sans oublier le site internet : http://www.cadres-plus.net/