Réflexions d'ailleurs sur le management, quoique !...

BUGADE n°12 / Février 2005

Le manager, plus que tout autre, intériorise fortement la contradiction capital / travail. D’un coté une identification forte à « l’intérêt de l’entreprise », une intériorisation de la logique du profit, une adhésion aux normes et aux valeurs du système capitaliste ; de l’autre, une condition salariale soumise aux aléas de carrière, au risque de licenciement, à la pression du travail et à une compétition féroce.

Ces contradictions mettent le manager au cœur d’une tension permanente entre les exigences de profit portées par les actionnaires, l’adaptation au marché (« le client est roi ») et l’amélioration des conditions de travail.

La conception gestionnaire des entreprises conduit à interpeller chaque individu pour qu’il devienne un agent du monde productif. La valeur de chacun est mesurée en fonction de critères financiers. Les improductifs sont rejetés parce qu’ils deviennent « inutiles au monde ».

L’individu soumis à la gestion doit s’adapter au temps de travail, aux nécessités productives et financières. L’adaptabilité et la flexibilité sont exigées à sens unique : C’est à l’homme de s’adapter au temps de l’entreprise et non l’inverse. « Réussir ensemble » devient un engagement auquel chacun doit souscrire, par conviction et non par simple obéissance.

Ceci dit, l’évaluation des performances est individuelle. On ne se satisfait pas d’être bon et de faire bien son travail, il faut en permanence le faire mieux. Pour un gagnant, combien se retrouvent les perdants ? La quête d’un idéal de perfection conduit à une compétition sans fin : Il faut gagner, sinon on est éliminé. L’absence d’implication devient la clé explicative de l’échec.

Les techniques de management perdent leur caractère disciplinaire. La surveillance n’est plus physique mais communicationnelle. Elle porte d’avantage sur les résultats du travail que sur les modalités.

Si la liberté s’accroît sur les taches à accomplir, elle trouve une contrepartie dans une exigence drastique sur les résultats. Il s’agit d’obtenir une disponibilité permanente pour que le maximum de temps soit consacré à la réalisation des objectifs et au-delà à un engagement total dans la réussite de l’entreprise. A Eurocopter nous n’échappons pas à ces évolutions.

Il convient de méditer sur le fond des négociations L4 et L5…