Pour mieux comprendre la vie sociale française, le syndicalisme, la CFDT, les relations inter-syndicales, les relations entre les syndicats et les politiques,etc. nous vous conseillons de lire « Si on me cherche... » par François Chérèque.
Pour en lire les bonnes feuilles et son scoop sur l'UIMM, et l'arrangement que lui a proposé Nicolas Sarkozy, cliquez ICI.
"Si on me cherche..." Le nouveau livre de François Chérèque
Dans ce livre d'entretiens, François Chérèque a voulu raconter ce qu'est vraiment la CFDT, mieux faire connaître ses idées et ses résultats. Le ton est direct comme lorsqu'il débat avec les militants.
Si on cherche François Chérèque... on trouve une parole franche et directe que beaucoup de militants connaissent déjà lors des rencontres avec leur secrétaire général. Si on me cherche..., le livre d'entretiens signé François Chérèque réalisé avec la journaliste Carole Barjon, éclaire sous une perspective particulière les relations sociales en France, depuis six ans, en donnant à voir de l'intérieur la pratique réformiste de la CFDT à travers l'action de son secrétaire général depuis son premier mandat à la tête de la CFDT. Ces confidences permettent de regarder derrière la porte, de comprendre comment la CFDT agit, influe et ainsi de décrire sous un autre angle les grands événements sociaux et les réformes des dernières années. Bref, l'objectif est de donner des clés de lecture, de décrypter un positionnement syndical que la presse et le grand public relaient difficilement. Le secrétaire général se livre aussi quelque peu, sur sa vie, sa famille... Mais il veut surtout «lever des incompréhensions, mieux faire connaître nos idées et nos résultats et mettre fin aux rumeurs absurdes», indique t-il dans l'avant-propos de l'ouvrage , «raconter ce qu'est vraiment la CFDT».
Sarkozy et l'amnistie
Beaucoup l'auront déjà lu dans les "bonnes feuilles" parues dans l'hebdomadaire L'Express le secrétaire général y raconte ses relations avec le président de la République, son souci de ne pas se laisser instrumentaliser, l'humour vache entre les deux hommes... Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat, François Chérèque rompt avec la tradition de ses prédécesseurs. Toutes les rencontres avec le président sont désormais rendues publiques à la CFDT ainsi que les sujets qui y sont traités. Si le ton est plutôt cordial entre les deux hommes, François Chérèque refuse toute connivence avec Nicolas Sarkozy et rejette les petits arrangements tels qu'une "amnistie générale" pour les bénéficiaires des retraits suspects du patronat de la métallurgie (UIMM)... Cette éventualité le choque. L'affaire UIMM elle-même, le scandalise du fait des énormes sommes en jeu mais aussi du fait des pratiques de spoliation de ces responsables patronaux au sein des organismes paritaires qu'ils ont présidés. Mais qu'en plus «on jette à cette occasion l'opprobre sur les syndicats», cela ne cesse de le mettre en colère. C'est une question de morale... et de valeurs. C'est ainsi qu'il reste toujours choqué de certaines dérives des rémunérations des grands dirigeants d'entreprise et du cynisme de certains patrons du CAC 40.
Le réformisme avenir du syndicalisme
François Chérèque raconte aussi comment il voit la gauche et ses leaders, les relations qu'il entretient ou n'entretient pas avec les responsables du PS. Il dit ainsi n'avoir de «vraies discussion» qu'avec Dominique Strauss-Kahn et Bertrand Delanoë. Il parle aussi des occasions ratées du gouvernement Jospin, de la deuxième loi des 35 heures de 2002, des relations avec les autres syndicats et la CGT en particulier, de la réforme des retraites de 2003 pour laquelle il ironise en estimant que «les pseudo ‘'trahisons'' de la CFDT d'un jour sont généralement, pour les autres, les avantages acquis du lendemain !». Et d'ajouter à propos de cette réforme : «J'ai un vrai regret : si la CGT s'était engagée, on aurait obtenu encore plus».
Cette négociation de 2003 a marqué pour François Chérèque le début de «relations compliquées» avec son homologue de la CGT Bernard Thibault. Depuis la signature de la position commune sur la réforme de la représentativité syndicale au printemps 2008 avec la CFDT et le Medef, «lui et Le Duigou se font traiter de ‘'collabo'', ‘'traître'' ou ‘'complice''. Je leur ai ouvert la voie !», plaisante François Chérèque qui estime inéluctable l'évolution «réformiste» de la CGT. Encore faudra t-il que le gouvernement respecte le dialogue social. Car le coup tordu du démantèlement des 35 heures sur le dos du dialogue social laissera des traces.
François Chérèque juge enfin très probable de se représenter au congrès de 2010 et, «dans la foulée de l'accord sur la représentativité syndicale», il souhaite lancer de nouveaux défis pour l'évolution de la CFDT.
"Si on me cherche..." François Chérèque avec Carole Barjon. Albin Michel. 310 pages. Prix : 19 euros