Power 8 est issu de la réflexion de grands cabinets de consultants toujours prompts à imposer des modèles d’entreprise à la terre entière.
« The » référence, c’est bien évidemment BOEING ! Et donc il faut faire comme BOEING. Oui mais, il y a quelques hics dans le beau schéma. Tout d’abord vendre des usines d’AIRBUS n’est pas aussi simple.
En Allemagne il n’y a pas de repreneur allemand. En France l’éventuel repreneur n’a pas « les reins assez solides ». Les grands consultants qui pensent à tout ont semble – t il , oublié ce « léger détail »…
N’est-il donc pas paradoxal aujourd’hui que la France imagine des montages financiers complexes pour se conformer au schéma imposé par les fameux consultants. Ne serait – il pas plus simple d’aider directement AIRBUS ? En Allemagne, faute de repreneur Allemand, le problème n’est – il pas réglé de lui-même ? Il reste bien entendu la proposition d’un repreneur américain pour « sauver tout le monde » (est-ce le hasard ?) mais alors là, si c’est la solution retenue, on marche sur la tête !!!!
Le second paradoxe, c’est que le modèle BOEING montre aussi ses limites. Le787 commence à accuser de sérieux retards. A ce titre, il est intéressant d’en connaître les raisons de la bouche même de son ancien patron. Je vous recommande à ce titre, l’excellent édito d’Air et Cosmos…
A méditer, très sérieusement…
Super-usineAncien responsable du programme 787 chez Boeing, Mike Bair vient de prononcer un discours "décoiffant" dans lequel il remet en cause le modèle industriel du Dreamliner, modèle qui, selon lui, est coupable des déboires du programme dont il avait la charge. "Avait", car ce brillant ingénieur a fait les frais des retards enregistrés par l'avion vedette américain en étant brutalement muté dans un poste non opérationnel.
La teneur de son discours peut être résumée au fait que répartir le développement et la production entre plusieurs partenaires dispersés sur tout le globe n'est pas une si bonne idée que ça. Et que la bonne solution serait plutôt de confier la production des avions à une unique super-usine responsable de tout, des études à la fabrication.En quelque sorte une concentration verticale antimondialisation.Aussi ne s'est-il pas privé pour mettre durement en cause certains fournisseurs de rang un - les trois Japonais, les deux Américains et l'Italien - et de rang deux, sans toutefois les citer. Selon lui, quelques-uns ont prouvé qu'ils étaient incapables d'assurer des tâches de conception, lesquelles ont dû être reprises par l'avionneur américain qui a été vite submergé par ces travaux non prévus. Et d'affirmer que des fournisseurs ne seront jamais plus utilisés.
D'où sa suggestion de revenir en arrière, à la bonne vieille époque où Boeing fournissait les plans et dessins à ses sous-traitants qui réalisaient le travail demandé.
Reste que cette super-usine, imaginée par le responsable de Boeing, n'est guère réaliste à l'époque où on demande aux partenaires d'investir, très souvent avec l'aide de leurs Etats. Car en échange ils demandent toujours du savoir-faire et de l'emploi pour leurs pays.
Cette remise en cause du modèle Boeing est cependant exemplaire, à l'heure où Airbus entend confier ses usines historiques à d'autres opérateurs et entreprend une politique d'externalisation à tout-va.
Si certains à Toulouse ou Hambourg sont tentés d'imiter le schéma industriel de l'avionneur américain, ils devraient plutôt rechercher un modèle original, davantage dans la culture Airbus, entre l'entreprise sans usine imaginée par Boeing et la super-usine
Editorial de PIERRE CASAMAYOU Air et Cosmos n°2099 du 9 novembre 2007